Robert VRINAT
Vice-président Honoraire Délégué
Général du Syndicat de la Presse Artistique
Française
Artiste créateur, DIKRAN l’est pleinement.
Possédant la maîtrise des éléments
de base de la structure : le rythme, le volume,
infiniment sensible à la forme naturelle, qui
est toujours vivante ; il fait, de la sculpture,
un équivalent plastique et politique du monde
en éternelle création. Qu’il s’inspire
de l’Homme, qu’il dresse dans l’espace
des formes sans référence au monde visible
que nous croyons connaître, ses inspirations sont
des émanations de l’esprit, qui transcende
et unifie toutes manifestations. C’est pourquoi,
sans doute, la diversité de ses œuvres conserve
une unité frappante. C’est pourquoi dans
la représentation du corps humain, il sait capter
et accentuer la vivante souplesse d’un schématisme
charnel, sensuel. Paradoxalement, c’est cette
souplesse et cette simplification qui maintiennent la
spécificité des êtres dans le jeu
magistral des plans et des lignes selon lesquels s’en
distribuent les volumes. Que les figures soient repliées
sur elles-mêmes, révélant par de
délicates modulations de surface une puissance
interne d’expansion, d’une concentration
presque sphérique ou d’un léger
développement ascensionnel, ou qu’elles
soient déployées, conquérant l’espace
où elles se fondent par des extrémités
fuselées, ou encore à demi épanouies
, les membres dessinant des arches qui convergent à
nouveau à leurs extrémités, elles
affirment toutes également une harmonie parfaite
entre deux dynamismes, le centrifuge et le centripète;
les courbes de volume qui associent les plans, enrichissant
d’un mystère sensuel la fine justesse des
angles de dièdres et des trièdres, l’arabesque
source des lignes essentielles. Ce dessin dans l’espace
est structure, expression, vie ; sans être
imperméable à l’environnement, il
maintient l’audace de la forme.
Outre ces corps si profondément, si personnellement
ressentis et repensés, DIKRAN se plaît
à réaliser des œuvres aux plans délimitatifs
plus nettement matérialisés, bien qu’encore
on soit amené à y reconnaître des
figures, plus transposées, certes, plus allusives,
mais non moins fortement vivantes et expressives. Le
signe y est plus affirmé ; la souplesse
plus retenue ; les surfaces planes ou très
légèrement galbées s’articulent
par des arêtes dont les directions, particulièrement
élaborées, inspirent un plaisir plastique
et esthétique presque musical dépassant
la simple richesse du rythme. Il ne s’agit pas
là, d’ailleurs d’une manière
nouvelle tendant à supplanter l’ancienne,
mais bien plus réellement d’un autre aspect
spirituel d’une même vision artistique,
d’un même élan créateur.
Il serait vain, au vu de ses caractères dominants,
de vouloir emprisonner cette œuvre en quelque catégorie,
en quelque école. Elle est essentiellement le
fruit d’un tempérament créateur
original, nourri d’une sensibilité rare
et universelle unie à une pleine connaissance
des moyens et des possibilités de l’art
à trois dimensions, qui est à la fois
architecture et sculpture.
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