Khachik KAZAN -
AZAD Magazine N°55
DIKRAN : Le silence éblouissant
du diamant
Dikran, c’est le silence éblouissant du
diamant, c’est la force de la douceur, le caractère
puissant de la paix. Le dialogue avec lui glisse sans
résistance avec l’interlocuteur aux idées
arrêtées. Mais à travers ses phrases
courtes, précises et polies se dégagent
la clairvoyance et la sagesse. Sa mission n’est-elle
pas de transmettre l’expérience de sa vie
par les sculptures qui sont la signature de l’identité
spirituelle ?
Il est rare de rencontrer parmi nous un être
aussi remarquable par sa qualité de silence et
la richesse des événements qu’il
a vécus. Né à Mersine (Turquie)
en 1913, le 25 avril, les événements tragiques
mènent sa famille à trouver refuge à
Jérusalem, haut lieu de spiritualité et
d’architectures concentrées et disparates.
Les miniatures, les mosaïques, les céramiques
les sculptures de l’église Saint Jacques
et surtout les coupoles dorées de l’église
russe du Mont d’Olivier font, comme il dit, impression
sur lui. Dikran est baptisé par l’art qui
l'environne tel un musée vivant.
À dix ans, il voyage seul à dos de chameau,
puis par bateau et par train pour venir en pension au
collège Sainte Barbe à Paris pour faire
ses études primaires. À vingt ans, il
obtient le diplôme d’ingénieur et
d’architecte.
Il retourne, en 1933, à Beyrouth où sa
famille est installée. Il est chargé de
rénover les palais moyenâgeux de Beit Eddine
et Der el Amar, et des maisons particulières
d’hommes célèbres du Liban.
À 22 ans, il est chargé de la réalisation
de la cathédrale Saint Nichan à Beyrouth.
Dikran parvient à convaincre alors ses commanditaires
de la supériorité du béton armé.
Les événements, par la suite, lui donneront
raison car ce symbole d’arménité,
si cher aux Arméniens libanais, surplombe encore
la capitale du haut de la colline où il fut édifié.
Dikran se lie d’amitié avec l’artiste
peintre Galentz à Beyrouth. Dans le studio de
celui-ci, il se découvre la vocation de sculpteur.
En 1950, il revient à Paris et travaille à
la Grande Chaumière. Il se veut autodidacte et
devient un artiste témoin de son temps. Il nous
laisse l’héritage des formes caressantes
de lumières.
Dikran n’en faisant pas état, mais il
a reçu plusieurs médailles, prix et distinctions.
Il est connu dans le monde entier par ses nombreuses
expositions dans des galeries prestigieuses. Un dossier
de presse important accompagne ses expositions. La grandeur
de Dikran réside entre autres dans sa discrétion.
Discret et présent à la fois à
toutes les associations culturelles arméniennes
où il contribua dans le cadre d’activités
artistiques : expositions, débats, manifestations.
Dikran est un exemple de convivialité, de dialogue,
de patience et de sagesse. Je parle de Dikran au présent
car un artiste ne meurt pas. Nous voulons, à
travers l’exposition et les recherches bibliographiques,
mieux le faire connaître et témoigner de
l’immense affection que nous lui portons.
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